Zone de Texte: Si vous sortez du village, près de vous , tout près , vous trouverez la forêt. Si vous savez circulez en silence, vous découvrirez ses habitants, ceux qui en vivent. Du cerf au menuisier…de la cueilleuse de morille au chasseur…

 

 

Melles  La   hêtraie

Cette forêt doit répondre à des demandes très différentes : production de bois pour les résidents, protection des résidences contre les risques naturels, accueil du public, des chasseurs, des chassés , gibier, faune, diversité biologique et de bio – indicateurs comme l’ ours, l’ isard  ou le gypaète barbu.

 Ainsi, la gérer est nécessaire pour permettre la protection de ce milieu naturel.

Les hêtraies pyrénéennes  sont les  plus représentées sur la  chaîne, avec 180 000 ha, elles couvrent30% de la surface boisée, donc 13 000 ha en Haute Garonne.

Le hêtre est l’ essence essentielle de cette forêt . C’ est un peuplement stable  mais qui vieillit. L ‘exploitation pose des problèmes   les billes étant de forts volumes et sur le col d’ Artigascou cette année, il a fallu utiliser d’ énormes engins, multiplier les descentes pour transporter ces grumes en fond de vallée.  

   Le hêtre a besoin d’ humidité  et sa feuille lisse y est adaptée. On le trouve de 400 à 1600 m d’ altitude ;son fruit, la faîne ; il résiste à des froids hivernaux très rigoureux ; il pousse mieux en exposition nord que sur les versants sud. Les sols  pentus sont généralement siliceux.

Son exploitation jusqu’ au début du siècle, grâce à des câbles de transport, a répondu au besoin  des activités humaines, la métallurgie, l’ exploitation minière, le chauffage, la construction et le pâturage.

La forêt la plus éloignée du village doit en partie sa préservation au manque d’ intérêt pour faire paître le bétail et à une gestion éclairée.

       On trouvera à ses côtés le sapin qui a des demandes ombro- thermiques semblables.

Il recolonise la hêtraie.Cette forêt mixte est la plus riche floristiquement de toutes les forêts pyrénéennes.

 Comme dans les plaines tempérées nord-atlantique, le hêtre, à l’étage montagnard
humide, occupe des sols très variés. Il est alors accompagné fidèlement par un grand nombre d’espèces herbacées ou sous-ligneuses, rares et souvent absentes en plaine : Dentaria pinnata , Polygonatum verticillatum , Luzula nivea , Prenanthes purpurea .

Dans nos régions, il est accompagné par le sapin ou l’épicéa dans la moitié supérieure de ce même étage.

 

Exploitation forestière

De croissance plus rapide que le chêne, le hêtre fournit un bois relativement dur, mais facile à travailler et utilisable pour de très nombreux usages, le dernier en date étant celui de la pâte à papier.

Traité en futaie, car il rejette pas mal de souches, le hêtre exige pour sa régénération par semis un ensoleillement atténué (essence d’ombre) . L’exploitation de la hêtraie âgée (120 à 150 ans en moyenne) se fait donc, non par coupe totale (à blanc conmme en Colombie Britannique  ), mais en conservant une certaine proportion de vieux arbres, dits semenciers, car ils fournissent les faînes d’où naîtra la prochaine futaie.

Après cette coupe d’ensemencement, et tandis que les jeunes hêtres forment un fourré  de quelques années, l’exploitation se poursuit, généralement en plusieurs fois, jusqu’à la coupe définitive (parfois vingt ans après la première coupe). Simultanément, les fourrés sont soumis à des dégagements qui éliminent les sujets médiocres ou abîmés, et transformés en gaulis  (maximum : 10 cm de diamètre et 20 ans d’âge).

De nouvelles coupes, dites de nettoiement et donnant déjà des produits utilisables, espacent la jeune forêt de façon à assurer aux arbres la croissance optimale : ainsi le gaulis devient perchis  (maximum : 30 cm de diamètre, 60 ans) puis jeune futaie (jusqu’à 120 ans) et enfin vieille futaie, exploitable.

 Les premières coupes font apparaître ou s’étendre des espèces herbacées souvent caractéristiques (Atropa , Melica ) et parfois des arbustes (Cornus ) qui peuvent dangereusement concurrencer les semis de hêtres.

 L’art, difficile, du forestier consiste à régler l’importance de la coupe en fonction de ce danger, lui-même variable selon les conditions écologiques.

Régression et renaissance

 Les indices d’une présence ancienne  de  la hêtraie peuvent être déduits, soit de la toponymie (Faye, Faou, Fage, etc., termes dérivés de Fagus ), soit de la présence de certaines espèces herbacées de la hêtraie, réfugiées dans les fissures rocheuses ( ou présentes dans les prairies : ficaires, anémones, colchiques, par exemple, sont les premiers témoins d’une renaissance de l’Asperulo-Fagion .

 l’extension inquiétante, dans toute l’Europe occidentale, de la maladie de dépérissement, est due à l’action conjuguée d’une Cochenille (Cryptococcus fagi ) et d’un Champignon (Nectria coccinea ), dont les dégâts ont été particulièrement remarqués en France, dans les hêtraies équiennes de Normandie. Les effets de circonstances climatiques défavorables sont généralement invoqués pour expliquer les brutales poussées du phénomène.

Ainsi, la hêtraie apparaît comme la forêt climacique quand le climat répond aux conditions définies ci-dessus. C’est pourquoi, bien que tard venu, puisque les analyses polliniques ne montrent sa prédominance que depuis 3 000 à 5 000 ans dans nos régions, le hêtre a réussi à se maintenir au moins sporadiquement dans des régions même très exploitées par les hommes, avec une bonne partie de son cortège floristique. Sa disparition serait le signe inquiétant d’une transformation radicale de la biosphère.